Julien Epaillard et la compétition pieds nus

01/11/2025
par Roxane GRUEL

En tant que podologue équin, propriétaire de Chevaux et passionnée par les équidés depuis l’âge de neuf ans, je ne suis pas très « fan » la compétition chez les Chevaux. Ce monde de compétition un peu à part ne rime pas toujours avec respect des conditions de vie naturelles du cheval. C’est-à-dire foin à volonté en continue, vie en troupeau et liberté de mouvements.

Les chevaux de compétition sont souvent gardés au box pour « leur éviter des blessures ».

Ils sont souvent ferrés, ce qui nuit, à terme à toutes les structures au-dessus du pied, et provoque un vieillissement prématuré et des douleurs pour leur fin de vie.

Cependant, deux figures du CSI se distinguent. Michel Robert et Julien Epaillard.

Je vais d’abord vous « raconter » l’expérience du pied nu chez Julien Epaillard dont l’actualité, montre une fois de plus que son choix est bon pour lui, et ses chevaux. Deuxième du CSI 5★ à Equita Lyon ce samedi 1er novembre 2025.

Pour moi ces cavaliers inspirants ouvrent la voie aux cavaliers. À ce titre ils méritent toute la reconnaissance qui leur est dûe de prendre des risques dans leur pratique et de ne pas rester dans des schémas surannés.

Le monde équestre a du mal à évoluer, mais ces dernières années les choses changent. Vite. Bien.

L’approche du « pieds nus » chez Julien Epaillard pour ses chevaux.

L’un des aspects les plus originaux de sa gestion est l’adoption d’un système « pieds nus » (chevaux non ferrés) pour ses montures. Voici ce qu’il partage :

  • Il explique que lui et son équipe se sont demandé « quelle est la fonction du pied ? », « si on pouvait vraiment rester sans ferrure ».  
  • Il mentionne que tous ses chevaux sont aujourd’hui « pieds nus », ce qui a permis selon lui de réduire nettement les soins vétérinaires pour certains chevaux.  
  • Il admet toutefois qu’il faut un suivi beaucoup plus rigoureux : un parage adapté, un entretien spécifique. Tous les chevaux ne s’adaptent pas de la même façon (certains en deux jours, d’autres en deux ans).  
  • Pour des terrains plus « difficiles » ou instables (par exemple l’herbe glissante), il reconnaît que parfois une « version allégée de ferrure » peut être requise.  

Pourquoi il adopte ce système ?

Voici les raisons qu’il donne :

  • Il considère qu’un cheval « pieds nus » est plus naturel, plus proche de son état originel, ce qui peut contribuer à sa santé globale.  
  • Il estime avoir observé une diminution des « problèmes de locomotion » avec cette méthode. Par exemple : “Avec certains chevaux qui ont des problèmes de locomotions, j’ai de très bons résultats. Des chevaux qui n’étaient pas forcément carrés, sont devenus droits …”  
  • Il veut garder les choses simples : moins de matériel superflu, plus d’observation directe du cheval : « Je ne monte jamais sur un cheval sans le regarder » dit-il, avant la séance.  

Comment cela se traduit-il dans son travail quotidien ?

Quelques détails pratiques :

  • Il utilise beaucoup les boxes extérieurs, les prés, la vie de groupe pour les chevaux, afin qu’ils aient une vie proche de l’état « naturel ».  
  • Il monte beaucoup, mais souvent sur des petits sauts ou des exercices de qualité plutôt que sur la quantité brute. Exemple : « 18 sauts… puis marche 3 minutes… ».  
  • Il est attentif au terrain : sur des sols plus glissants ou peu consistants, il peut adapter la ferrure ou ne pas participer au concours.  

Points à garder en tête

  • Le système « pieds nus » ne signifie pas « aucun entretien ». Au contraire : le parage devient plus critique, l’observation accrue.
  • Il indique que certains chevaux prennent plus de temps à s’adapter que d’autres. Il ne prétend pas que c’est magique du jour au lendemain.  
  • Il ne dit pas que tous les cavaliers ou toutes les situations doivent l’adopter : « Oui, c’est bon pour tous les chevaux… ça demande juste du temps » dit-il.  

En résumé

Julien Épaillard a bâti une approche basée sur le respect du cheval, la simplicité et l’observation fine. Le fait de laisser ses chevaux « pieds nus » fait partie d’une philosophie globale visant à optimiser leur bien-être, leur longévité sportive et leur performance dans le haut niveau. Malgré les exigences du sport de haut niveau (5★, Grand Prix internationaux), il montre que cette approche peut être compatible avec l’élite du saut d’obstacles.

Commentaires

Très inspirant !
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